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Eschatologie
Prologue
Le but premier du texte qui suit est d’analyser et de commenter sur différents aspects de la doctrine difficile des peines éternelles. Certaines sectes, certaines Eglises refusent catégoriquement d'y croire, pour ne pas parler de la société d'aujourd'hui. D'ailleurs, des multitudes de personnes s'en moquent carrément.
Pour ce qui concerne l'auteur de cet article qui accepte la Bible comme une révélation divine, l'attitude générale de ne pas y croire n'est pas acceptable.
D’après la Parole de Dieu, les peines éternelles sont réservées pour ceux qui n’ont pas cru en Jésus-Christ pour être sauvés.
Cette doctrine comporte un problème moral. Comment un Dieu d’amour et de bonté pourrait-Il condamner des hommes et des femmes, créés en Son image à des tourments éternels ? Personnellement, je préférerais ne pas y croire. Mais la Bible, en parle en termes clairs, surtout dans l’enseignement de Jésus-Christ.
Les réflexions qui suivent sont pour mieux analyser différents aspects de la doctrine. Il existe dans la Bible des détails que des exégètes et des théologiens ne relèvent pas. Ils sont rarement pris en considération. Et que je trouve importants. P.W.
(Notes de Pierre Wheeler au sujet de l’ENFER, le 29-9-2011)
Ces notes se classent sous trois titres :
a) Remarques au sujet de John Stott et son refus de la doctrine
Introduction
Il est très rare de ne pas trouver vers la fin d’une Confession de Foi évangélique un article concernant l’au-delà dans lequel est mentionné la félicité éternelle des chrétiens après la mort physique ainsi que les peines éternelles de ceux qui ne sont pas sauvés par la foi en Jésus-Christ. Depuis plusieurs années, la Fédération Evangélique de France (la FEF) souhaite que je lise les statuts et la Confession de Foi des futurs membres de la Fédération (appelée maintenant Réseau FEF). Je lis attentivement l’article sur l’au-delà, généralement placé vers la fin de la Confession.
Si je prête attention à cet article, c’est parce qu’aujourd’hui la tendance est de refuser la doctrine difficile de la condamnation des impénitents parmi les chrétiens évangéliques, alors que le Jugement dernier (et son corollaire de la condamnation éternelle), font partie des doctrines fondamentales du christianisme biblique (voir Hébreux 6 . 1 et 2). Nous ne pouvons donc ni négliger ni escamoter cet enseignement.
a) Remarques au sujet de John Stott et son refus de la doctrine
Le livre de John Stott « La foi évangélique » publié par les Editions Ligue pour la Lecture de la Bible en 2000, est appelé le « testament spirituel » de ce pasteur anglican, reconnu comme théologien évangélique hors pair par toutes les Eglises. Son livre, cependant, ne s’agit pas d’un genre de Confession de Foi personnelle détaillant certains articles qui font régulièrement partie d’une Confession de Foi. Le texte est plus général. Le sous-titre est : « Un défi pour l’unité ».
John Stott y a développé la valeur de la croix et la signification de la mort de notre Sauveur pour nous sauver (chapitre 2), signifiant notre acceptation par Dieu. Mais Stott ne dit que peu concernant le retour de Jésus-Christ et le Jugement dernier, deux faits qui mettent l’accent sur ce dont le chrétien est sauvé, confirmant ainsi la valeur de l’oeuvre de la croix. Il n’y a qu’un paragraphe sur l’espérance chrétienne (chapitre 3), ce qui n’est pas une faute en soi. Mais pour être plus complet, si le lecteur ne sait pas de quoi une personne est sauvée, elle ne peut pas mesurer aussi bien l’importance de la réconciliation avec Dieu qui a été opérée par Christ.
Le professeur Pierre Berthoud qui a rédigé la préface du livre de Stott traduit en français, n’a pas oublié de signaler que Stott n’accepte pas la doctrine des peines (ou tourments) éternelles des personnes qui refusent Jésus-Christ. J. Stott reconnaîtrait sans doute leur « condamnation éternelle », mais uniquement parce que ce pasteur croit à leur anéantissement pour l’éternité. L’être disparaîtrait pour toujours. Triste sort s’il s’en faut, mais dans la pensée de ce pasteur, évidemment sans peines et sans tourments.
Personnellement, je me demande comment un tel bibliciste et théologien comme Stott est arrivé à gommer ce que la Bible révèle à ce sujet.
Sujet pénible
Nous reconnaissons que le sujet des peines éternelles est extrêmement difficile et pénible pour les chrétiens évangéliques. Nous, chrétiens, sommes tellement conscients de l’amour de Dieu. Dans le temps, des personnages comme Dante avec ses fresques de tortures, des chaudrons, des démons, etc. ont donné une idée fausse de la question[1]. Des démons qui tortureraient des pécheurs non repentants en enfer ? Non ! Ce sont Satan et ses hordes, les démons qui seront trop tourmentés dans leurs peines (voir Matthieu 25. 41). Toute leur activité serait terminée.
Serait-il que ceux qui nient la doctrine des peines éternelles gardent en mémoire les affreuses tableaux d’antan ? Et, à cause des cette imagerie, raisonnent-ils qu’un Dieu d’amour n’agirait jamais de cette manière ? En disant aussi, que la condamnation éternelle et consciente, pour la seule cause d’avoir refusé le salut offert par Jésus, leur semble hors de toute proportion ? Où est disparue la miséricorde éternelle de Dieu, diraient-ils encore, alors que les Psaumes répètent que sa miséricorde dure à toujours.[2] (voir le Psaume 136 et 25 : 6).
John Stott s’est donc déclaré en faveur du sort qui est appelé :
L’annihilationisme ou l’anéantissement (disparition et non-existence du condamné), souvent appelé aussi « l’immortalité conditionnelle » (Dieu ôte du condamné le droit inhérent à l’immortalité). Il s’agit d’une vieille hérésie, « inventée » par certains Pères de l’Eglise tel que Origène, et parfois allant jusqu’a l’universalisme (tous seront finalement sauvés - pour Origène, même Satan !). On comprend que cela pourrait (faussement) soulager la conscience. Mais cela ne change en rien l’enseignement du Nouveau Testament.
b) Remarques concernant les textes bibliques eschatologiques
Il est important de saisir que parmi les textes eschatologiques de la Bible, il ne se trouve aucun qui soit complet, comportant tous les aspects des choses dernières qui doivent arriver. Il y a même des éléments qui existent dont la Bible ne nous éclairent pas ![3] Et l’ordre des événements à venir n’est pas toujours suivi chronologiquement. Aussi notre approche de ces textes doit être faite avec caution.
Nous devons reconnaître les différents genres littéraires utilisés : paraboles, visions, métaphores, réponses aux questions. Peut-être les textes les plus clairs sont-ils dans l’enseignement du Seigneur et dans les lettres rédigées par les apôtres et leurs associés pour instruire les destinataires. Ainsi, le disciple de Jésus est appelé à comparer diligemment les différents textes eschatologiques éparpillés dans les Ecritures.
Bien comprendre la révélation de la Bible
Cependant, nous les protestants évangéliques comprenons-nous bien ce que l’Ecriture révèle au sujet des peines éternelles? Je craindrais que non. Les fresques, les prédications « légères » d’évangélisation (« t’ras en enfer » si...), ont très souvent coloriées notre pensée. Ainsi, beaucoup de chrétiens n’ont jamais vraiment cherché dans la Parole ce qui est révélé, en notant également ce qui parfois n’est pas expliqué. Nous voulons donc relever certains points de ce sujet épineux, voire solennel et terrible, qui ont tendance d’être laissées de côté. Même oubliées.
c) Présentation des aspects de la doctrine dont nous devons nous souvenir
1) Il est important de se souvenir que dans les prédications des apôtres dans le livre des Actes, ceux-ci ne parlent pas d’enfer (sauf pour Pierre en rapport avec Jésus-Christ, Actes 2. 25-28). En revanche, ils parlent du Jugement dernier ! (Actes 10. 42 ; 17. 31 ; 24. 25).
Par contre, le sujet des peines éternelles est surtout abordé par notre Seigneur. Ses paroles s’adressent plus souvent à ses disciples - pour les instruire - qu’à ceux qui sont perdus parce qu’ils n’acceptent pas Jésus-Christ comme leur Messie.
2) Il est correct de se souvenir que les peines éternelles ne sont pas des
souffrances physiques. Il est question de « tourments » non pas de « tortures ». L’homme riche de Luc 16. 23, sans avoir été ressuscité à la résurrection générale, donc sans corps, et sans avoir été jugé au Jugement dernier - souvenons-nous en - était « en proie aux tourments ». La question du doigt trempé pour rafraîchir sa langue (v. 24), est donc métaphorique, tout comme « la flamme » du remords. Mais il souffre psychologiquement de manière terrible[4].
Dans le séjour des morts nous ne voyons aucune repentance chez l’homme riche. Il ne demande pas pardon à Lazare qui est toujours vu comme esclave. Il est rempli de pitié pour lui-même, mais ne crie pas à Dieu d’avoir pitié de lui. Il n’exprime indirectement que du remords.
F.W. Farrar interprête le terme « enfant » (v. 25) comme une parole de tendresse, mais il s’agirait plutôt d’un terme par lequel le « Père Abraham » reconnaît que l’homme riche est un fils d’Israël, l’un de ses descendants, et donc d’autant plus responsable de son état.
Ce n’est point Dieu qui tourmente l’homme riche. L’homme riche se tourmente – presque « automatiquement », par le remords qu’il éprouve et dont il ne peut pas se défaire. Il y est comme enchaîné.
3) Il est bon de se souvenir que seuls les pécheurs non repentants viendront en
jugement. Celui qui « croit » dit Jésus, en Son Père et en Lui, « ne vient pas en jugement » (Jean 5. 24). Les perdus qui seront jugés au Jugement dernier, seront jugés « selon leurs oeuvres » (Apoc. 20. 13), même si tous sont jetés dans « l’étang de feu », c’est-à-dire dans les tourments, où ils seront complètement privés de la grâce commune.
4)Il est nécessaire de se souvenir que notre Seigneur a dit qu’au jour du Jugement les Sodomites seront traités moins rigoureusement que les habitants de Capernaüm qui avaient vu tant de miracles de Jésus, sans avoir cru en Lui pour être sauvés.
Aussi les sentences seront-elles plus tolérables pour certains que pour d’autres. Une telle mention est normale puisqu’au Jugement chacun sera jugé « selon ses oeuvres ».
5) Il est normal de se souvenir de certains prédicateurs qui prêchaient l’enfer
sans avoir pesé leurs paroles. Dans le temps, (aujourd’hui, c’est moins fréquent car on parle peu de l’enfer), des prêcheurs disaient : «Si tu n’acceptes pas Jésus-Christ comme votre Sauveur maintenant et que vous soyez tué dans un accident en rentrant à la maison, vous irez tout de suite en enfer ». Comment parler ainsi quand il n’est question dans la Bible de l’enfer qu’après la résurrection générale et qu’après le Jugement dernier (voir l’Apocalypse 20 : 11-15 ?). On peut quand même affirmer qu’une personne qui refuse Jésus-Christ est « perdue », ou qu’elle pourrait « périr ». S’il n’est pas sauvé, il attend « le Jugement ». En attendant le jour du Jugement, la personne restera dans le séjour des morts comme « prévenu », « en prison » - comme l’était l’homme riche en Luc 16. (C’est ceux qui sont
jugés et condamnés qui sont des « détenus »).
Cependant, si la personne est effectivement tuée en rentrant chez lui, nous n’avons pas le droit d’affirmer qu’elle est déjà perdue, car personne ne sait ce qui se serait passé éventuellement entre lui et Dieu avant l’accident fatal.
6) Il est beau de se souvenir de l’exemple dans l’Evangile selon Luc du
malfaiteur sauvé in extremis quand il priait le Seigneur en disant : « Souviens-toi de moi ». C’est un exemple donné pour que toute personne mourante peut espérer. Cependant, il n’y a qu’un exemple donné dans l’Ecriture, pour que personne ne compte sur Dieu de l’appeler quand il sera en face de la mort. Maintenant est le jour du salut.
7) Il est étonnant de se souvenir du malfaiteur sauvé qui reprend l’autre crucifié en disant : « Ne crains-tu pas Dieu ? ». La base pour être sauvé est en premier lieu la crainte de Dieu. L’Evangile éternel proclamé par l’ « autre ange » en Apocalypse 14. 6,7 comportait d’abord ce besoin de base - « Craignez Dieu » ; ce qui amène ceux qui obéissent à « Lui donner gloire » et de se prosterner. Lui, le « bon larron » a été saisi par la crainte de Dieu.
Puis, sans doute, ayant entendu la prière de Christ, (« Père, pardonne-leur »), ayant vu l’inscription au-dessus de la tête de Jésus (Jésus de Nazareth, roi des Juifs), et constatant que « ce Jésus » endurait ses souffrances en silence sans esprit de vengeance, il Le prie : « Jésus, souviens-toi de moi quand Tu viendras dans ton royaume ».
Ce jour même il était dans le paradis avec Christ.
8) Il est juste de se souvenir de la parole difficile de Paul en Romains 2 : 6,7,10 concernant les personnes qui ne connaissent pas Dieu autrement que comme Créateur et qui reçoivent pourtant la vie éternelle. Ces versets (7, 8,) pourraient d’abord nous amener à croire que des personnes pourraient être sauvées par les oeuvres. Mais la recherche des valeurs - bien faire, la gloire, l’honneur, l’incorruptibilité (verset 7), indiquent sans hésitation l’existence chez elles de la crainte du Créateur qu’elles voient révélée dans la création, où on discerne si bien « Sa puissance éternelle et sa divinité », selon Romains, chapitre 1, verset 20.
d) D’autres réflexions importantes
[1] On dirait que les artistes d’antan se délectaient de produire fresques et tableaux du jugement dernier et la damnation et souffrances des pécheurs non repentants. La chapelle Sixtine à Rome présente le tableau de Michel-Ange à ce sujet (20m x 10m). La cathédrale d’Albi également. L’impression laissée par ces oeuvres a « coloriée » l’esprit des populations d’autrefois.
[2] On comprend facilement ce raisonnement. La réponse rapide serait que si une personne n’a jamais demandé la miséricorde de Dieu, il serait logique que Dieu ne l’accorde pas. Dieu « collerait-Il » avec force sa miséricorde sur quelqu’un qui n’en veut pas ?
[3] Là encore nous devons faire attention. Les Thessaloniciens savaient, dit Paul, ce qui retenait le fils de la perdition (2 Thess. 2 : 6). Quant à nous, nous nous interrogeons encore.
[5] La doctrine du purgatoire fait partie de la Tradition de Rome. Au fond, il s’agit d’un déni catégorique de l’oeuvre parfait, complète et finale de Jésus-Christ sur la croix mort en substitut à la place du pécheur, puisque le (soi-disant) chrétien doit payer et souffrir en partie, pendant un certain temps, avant « d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel ». (Voir le paragraphe 1030 du Catéchisme de l’Eglise catholique. Meme/Plon. 1992).